Des décennies plus tard, l'ex-dirigeant du Burkina Faso reconnu coupable du meurtre de son prédécesseur

Un tribunal militaire du Burkina Faso a reconnu par contumace un ancien président, Blaise Compaoré, et l’a condamné mercredi à la réclusion à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de son prédécesseur en 1987.

M. Compaoré, qui vit en exil en Côte d’Ivoire et a refusé de participer au procès, n’était pas présent pour le verdict – le point culminant d’une tentative très attendue de rendre justice pour l’un des assassinats politiques les plus tristement célèbres d’Afrique.

Son prédécesseur, Thomas Sankara, un révolutionnaire marxiste incendiaire dont la règle de principe et le mépris de l’Occident lui ont valu l’adulation dans toute l’Afrique, a été abattu par des soldats dans la capitale, Ouagadougou, en octobre 1987 dans le cadre du coup d’État militaire qui a amené M. Compaoré, un ami de longue date, au pouvoir.

M. Compaoré a ensuite dirigé le Burkina Faso d’une main de fer jusqu’en 2014, date à laquelle les manifestations populaires l’ont contraint à fuir en Côte d’Ivoire avec l’aide de soldats français. Il a supprimé toute discussion sur la mort de M. Sankara pendant des années, et il a toujours nié tout rôle dans celle-ci.

Le tribunal militaire s’était déroulé dans un palais de justice hautement protégé depuis octobre, entendant des preuves évidentes contre M. Compaoré et 13 autres hommes, pour la plupart d’anciens soldats et leurs commandants. Douze autres personnes ont été tuées aux côtés de M. Sankara, pour la plupart des assistants qui l’avaient rencontré lorsque des soldats se sont présentés devant leur porte.

La procédure judiciaire a été brièvement retardée fin janvier après la prise du pouvoir par l’armée en la nation enclavée d’Afrique de l’Ouestle plus récent de plusieurs coups d’État militaires depuis l’indépendance du pays vis-à-vis de la France en 1960.

Le tribunal a également prononcé une peine de réclusion à perpétuité contre Hyacinthe Kafando, l’ancien chef de la sécurité de M. Compaoré, et le général Gilbert Diendéré, haut commandant de l’armée au moment de l’assassinat.

Comme M. Compaoré, M. Kafando n’était pas présent pour le verdict, ayant fui dans la clandestinité il y a des années. M. Diendéré est en prison depuis 2015 pour sa participation à un coup d’État manqué après l’éviction de M. Compaoré un an plus tôt.

Parmi les autres accusés, huit ont été condamnés à entre trois et 20 ans d’emprisonnement par le tribunal, et trois ont été acquittés.

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