La nouvelle loi salvadorienne sur les gangs fait craindre la censure

Les médias salvadoriens ont documenté de près les milliers de personnes arrêtées depuis la semaine dernière, lorsque l’état d’urgence est entré en vigueur. Les centres de détention de la capitale, San Salvador, sont si pleins que les détenus sont envoyés dans des prisons dans les zones rurales.

Alors que le gouvernement a affirmé que les 6 000 personnes arrêtées depuis la semaine dernière sont toutes des membres de gangs, des preuves émergent que des civils innocents sont arrêtés alors qu’ils marchent dans leur quartier, arrachés à leurs enfants, amis ou parents et entassés dans des bus avant qu’ils sont emmenés dans des prisons à travers le pays. Mardi, un journaliste a vu un enfant autiste être arrêté, sa mère s’effondrant dans la rue, gémissant de chagrin.

Les médias d’information ont fait face à de vives critiques de la part de représentants du gouvernement, y compris des accusations selon lesquelles ils sympathisent avec les gangs. Un média local, El Faro, a été le premier à annoncer la nouvelle du pacte du gouvernement avec les gangs, et après la publication de cet article, un logiciel espion a été téléchargé sur les téléphones de la plupart des reporters d’El Faro.

Des observateurs ont fait part de leurs inquiétudes quant à l’indépendance du système judiciaire salvadorien pendant l’état d’urgence. La semaine dernière, M. Bukele s’est rendu sur Twitter pour ordonner l’enquête d’un juge après que le juge a libéré plusieurs membres de gangs. Quelques heures plus tard, les médias locaux ont rapporté que le juge avait été transféré dans une région reculée de l’intérieur du pays, vraisemblablement à titre de punition.

En vertu de l’état d’urgence, la liberté de réunion a été interdite et le droit à une défense juridique parrainée par l’État en cas de détention a été suspendu. Étant donné que les arrestations se déroulent dans les quartiers les plus pauvres du pays, le changement affecte principalement les résidents détenus de ces zones.

M. Bukele s’est moqué de la communauté internationale et des groupes de défense des droits qui ont exprimé leur inquiétude face aux arrestations.

“S’ils aiment tant les membres du gang, venez les chercher, on leur en donnera deux pour un”, a récemment tweeté le président.

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