Les membres de l'ONU votent pour suspendre la Russie du Conseil des droits de l'organisme.

Un vote de l’Assemblée générale des Nations Unies jeudi a approuvé un effort mené par les États-Unis pour suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme, composé de 47 membres, à cause de la guerre du Kremlin en Ukraine.

La suspension du conseil, qui est basé à Genève, est une grande gifle diplomatique à la Russie, l’un des membres fondateurs des Nations Unies. La résolution de suspendre la Russie nécessitait une majorité des deux tiers des suffrages exprimés, les abstentions ne comptant pas comme des votes, et est considérée comme un baromètre de l’horreur du monde face aux atrocités apparentes en Ukraine.

La résolution a reçu 93 voix pour et 24 contre, et 58 pays se sont abstenus. La Chine avait déclaré avant le vote qu’elle ne soutiendrait pas la mesure, tout comme des pays comme le Brésil, l’Égypte, le Mexique, l’Iran et l’Afrique du Sud. Leurs arguments comprenaient que cette décision pourrait aggraver la guerre et qu’une enquête plus approfondie sur les atrocités signalées était nécessaire avant que les Nations Unies n’agissent.

L’ambassadeur d’Ukraine, Sergiy Kyslytsya, avait déclaré avant le vote que suspendre la Russie n’était « pas une option, mais un devoir », afin de sauver des vies et d’empêcher le Conseil des droits de l’homme de sombrer.

La Russie a qualifié cette décision de “tentative des États-Unis de maintenir leur domination et leur contrôle total” et d'”utiliser le colonialisme des droits de l’homme dans les relations internationales”.

L’action est intervenue au lendemain des bombardements aveugles de la Russie en Ukraine et des meurtres et tortures de civils signalés dans la banlieue de la capitale ukrainienne, Kiev, qui indiquent la culpabilité russe. L’Ukraine, les États-Unis et d’autres pays ont déclaré que ces actes constituaient des crimes de guerre.

Seuls quatre pays ont voté avec la Russie dans deux résolutions de l’Assemblée générale en mars qui réprimandaient la Russie pour son invasion de l’Ukraine et exigeaient le retrait des forces russes.

L’Assemblée générale, qui élit les membres du Conseil des droits de l’homme, n’a suspendu qu’un seul autre pays : la Libye, en mars 2011. Mais cette mesure, prise après que le président Mouammar Kadhafi a lancé une répression féroce contre les manifestants antigouvernementaux, a été prise avec le soutien des diplomates libyens à New York et à Genève qui s’étaient dissociés des actions de leur gouvernement.

La suspension de la Russie, en revanche, intervient face à ses dénégations générales de toute violation des droits en Ukraine. Le Kremlin avait prévenu qu’il considérerait les votes en faveur de la résolution ou même les abstentions comme des actes “inamicaux” qui auraient des conséquences sur ses relations avec ces pays.

La suspension de la Russie est la première fois qu’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU perd ses droits de membre dans une organisation des Nations Unies, ont déclaré des groupes de défense des droits.

Sa suspension du Conseil des droits de l’homme a une signification à la fois pratique et symbolique.

La Russie a été active dans les procédures du Conseil contestant toutes les résolutions critiquant des pays individuels, en particulier des alliés tels que la Syrie et la Biélorussie, et proposant des amendements visant à saper un large éventail d’initiatives en matière de droits.

Après le vote de l’Assemblée générale de jeudi, il restera membre du Conseil mais ne pourra proposer des résolutions, déposer des amendements ou s’adresser au conseil que dans les délibérations sur des situations dans lesquelles il est directement impliqué.

La suspension restera en vigueur jusqu’à ce que l’Assemblée générale décide de la lever ou jusqu’à la fin de 2023, lorsque le mandat de la Russie en tant que membre prendra fin.

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